« Vous voulez obtenir la nationalité française ? Ah mais vous savez ça n’est pas aussi simple que ça, d’abord il faut remplir le formulaire… fournir une attestation de domicile… photocopie des fiches de paye des cinq dernières années… attestation de l’employeur… renvoyer le dossier à… Comment ? Vous êtes footballeur professionnel ? Ah mais ça change tout ça, vous auriez dû me le dire plus tôt… »
Ederson Français
A peu de choses près, voici le refrain que pourrait entendre Honorato Ederson. Débarqué sur la Côte d’Azur il y cinq ans déjà (il a rejoint l’OGC Nice lors de la saison 2004-05), le Brésilien est donc en mesure d’obtenir la nationalité française. Une possibilité que n’exclut pas celui qui évolue désormais sous les couleurs de l’Olympique Lyonnais. Car bien que sa préférence aille naturellement vers la Seleção de son Brésil natal, les portes de la sélection auriverde ne se sont plus jamais ouverte à lui depuis ses quelques capes en équipes de jeunes. Ederson réfléchit donc à l’opportunité d’évoluer sous le maillot Bleu avec la plus grande attention, d’autant plus en cette « période de reconstruction » que traverse actuellement la sélection tricolore. Et l’ancien Aiglon entends bien profiter des nombreuses opérations « portes ouvertes » organisées par Raymond Domenech pour prendre son envol. Après tout, pourquoi pas lui…
Obraniak Polonais
Un peu plus au Nord, le Lillois Ludovic Obraniak a lui entamé la même démarche, mais dans le sens inverse. En effet, l’ancien Messin a décidé de troquer son passeport français contre une carte d’identité polonaise. « Je vais être Polonais parce que mes grand-parents étaient Polonais. Je suis attaché à cette culture » (version officielle, en français dans le texte). Officieusement, même si l’intéressé assure que tout cela n’a rien à voir avec son plan de carrière, on peut toutefois penser que le brave Ludovic est tout aussi attaché à la culture locale qu’à son désir de dépuceler son compteur de capes bloqué au point mort sur le plan international. Car si on compare à la concurrence, la sélection polonaise fait un peu office de coup facile par rapport à la prostituée de luxe qu’est l’équipe de France. Mais là encore, le gaucher ne ferme pas la porte à Raymond, affirmant que « si Domenech m’appelle, j’y réfléchirai avec le plus grand sérieux ». Sérieux ?
Libre circulation des travailleurs
Aujourd’hui, Ederson et Obraniak ne sont que deux gouttes d’eau parmi la vague de naturalisations qui déferle dans le foot professionnel. On peut ainsi citer récemment les cas Almunia avec l’Angleterre ou encore Amauri, le cul entre les deux chaises brésilienne et italienne. Tout le monde en France se souvient également de l’affaire Higuain, au début ignoré, ensuite convoité, puis rejeté comme un malpropre à l’annonce de son choix pour la sélection argentine, lui qui après sa naissance n’a pratiquement plus jamais remis les pieds dans l’hexagone et ne parle pas le français. Tout comme Obraniak ne parle pas un mot de polonais. Mais il s’est engagé à prendre des cours à raison de trois heures par semaines, promis juré…
Accords trilatéraux
Il faut dire que la plupart du temps, ces démarches arrangent tout le monde. Prenons le cas Ederson par exemple. Tout d’abord, le premier concerné, le joueur en quête de reconnaissance internationale, y trouve son compte, et ce peu importe le pays pour lequel il évolue. Parce que jouer en équipe de France pour les plus chanceux, ou encore en Pologne, c’est toujours mieux que de faire banquette n’importe où, même au Brésil. Après, tous ces appels du pied (pleinement assumés ou déguisés) ne garantissent rien, mais ils ont au moins le mérite d’être clairs pour le sélectionneur qui sait qu’il peut compter sur un élément supplémentaire, au cas où… Enfin, pour ce qui est du club propriétaire du joueur, on sait pertinemment que l’obtention d’une nationalité européene est vue d’un bon oeil et certainement encouragée puisqu’elle libère une place d’extra-communautaire si précieuse pour les clubs qui prospectent en Afrique ou en Amérique du Sud pour trouver la perle rare et pas trop chère. De toutes façons, tout ce petit monde devra bientôt se conformer à la règle du 6+5, alors autant naturaliser tout de suite ceux qui peuvent l’être…
Article rédigé par Bastien !
